Madame la Présidente,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Liebe Margot Friedländer,
Je pense que nous avons tous eu du mal à retenir nos larmes en vous écoutant, chère Madame, vous qui avez été témoin et qui êtes une survivante de la plus grande tragédie de l’histoire européenne. Vous avez évoqué les images qui se sont gravées dans l’esprit et la mémoire de la jeune femme que vous étiez ainsi que l’horreur que vous avez vécue. Vous nous avez dit combien il avait été difficile de réapprendre à vivre. Oui, c’était bien le plan des nazis, non pas seulement d’exterminer des millions de personnes, en raison de leur origine ethnique, de leur religion ou de leur orientation sexuelle, mais aussi de déshumaniser les personnes, de les dépouiller de toute dignité, de toute identité, de toute joie de vivre.
Mais votre témoignage, chère Madame, et l’énergie qui vous anime, à 100 ans, prouvent que la dignité et l’identité sont indestructibles. Je ne saurais pas même imaginer, liebe Frau Friedländer, combien il doit être difficile de raviver ces souvenirs. Et je tiens à vous remercier, du fond du cœur. Parce que vous nous rendez le plus grand service qui soit, vous accomplissez le plus bel acte d’amour qui soit, pour nous et pour les générations futures. Vous nous faites voir, vous nous rendez libres. Car notre liberté repose sur la mémoire la Shoah. Notre Union trouve son fondement même dans deux mots tout simples: plus jamais. «Nie wieder».
Ma gratitude est d’autant plus grande que je suis une Allemande avec l’Europe chevillée au corps. Je ressens la cicatrice profonde qui marque l’histoire de mon pays, et la responsabilité indélébile inscrite dans notre histoire collective. Nous voulons garder les yeux grands ouverts. Nous voulons comprendre ce qui est advenu, et pourquoi, pour que cela ne se reproduise jamais. Et vous, liebe Frau Friedländer, nous avez fait voir et comprendre.
Une chose, dans votre existence, me frappe immensément. Vous nous en avez parlé. Juste après la guerre, en effet, vous avez décidé de quitter l’Allemagne et l’Europe, parce que la douleur était trop vive, et que vous ne pourriez jamais vous défaire du passé. Mais ensuite, 20 ans plus tard, vous avez décidé de revenir, alors même que le souvenir était toujours vivace. Précisément parce que le souvenir devait rester vivace. Vous êtes revenue pour que cette histoire ne revienne jamais. Vous avez expliqué votre décision, comme nous venons de l’entendre, en ces termes: «On ne peut changer le passé, mais maintenant, c’est à vous d’agir», vous, les jeunes de la nouvelle génération. Et cette nouvelle génération, elle méritait d’entendre votre histoire. Elle est devenue votre mission.
Et aujourd’hui, je tiens à vous le dire: votre mission, c’est aussi notre mission. C’est cette mission précisément qui nous amène à présenter nos réflexions et nos actions. Et c’est la raison pour laquelle […]
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