Assurer la protection des Européens face à la multiplication des menaces dans le monde : c’est l’ambition de la boussole stratégique, un “livre blanc” visant à définir les grandes orientations de la sécurité et de la défense européennes jusqu’en 2030.
“Notre analyse des menaces globales montre clairement que l’Europe est en danger”. Le constat du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, est sans appel. Quelques jours avant la présentation d’une première version de la boussole stratégique aux ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense les 15 et 16 novembre 2021, celui-ci justifiait par une tribune parue dans le média Project Syndicate l’impérieuse nécessité d’un tel document.
Pour le diplomate en chef, et plus généralement pour les 27 Etats membres de l’Union européenne, il n’est aujourd’hui plus possible de faire l’économie d’une définition claire des menaces pesant sur l’Europe et des moyens pour les prévenir et les combattre.
Pourquoi l’Union européenne se dote-t-elle d’une boussole stratégique ?
La dernière feuille de route en termes de sécurité et de défense, appelée “Stratégie globale”, date de 2016. Mais en plus de cinq ans, les choses ont bien changé.
Plusieurs facteurs portent en effet atteinte à la place de l’Europe dans le monde. Son poids dans l’économie et la démographie de la planète recule. Son influence est contestée par un nombre croissant de puissances. Une contestation qui se manifeste en particulier dans le voisinage immédiat de l’UE à l’est du continent, où la Russie, la Chine et la Turquie essayent d’asseoir leurs positions. Et de plus en plus souvent, des acteurs étatiques ou non s’en prennent aux intérêts européens par le biais de techniques dites hybrides (cyberattaques, désinformation…), livrant ainsi des guerres incomplètes ou qui ne disent pas leur nom. L’instrumentalisation de demandeurs d’asile par la Biélorussie à sa frontière polonaise en 2021 en est un exemple frappant.
Recalibrer la doctrine militaire de l’UE apparaît donc essentiel pour Josep Borrell, qui alerte sur le risque de “rétrécissement stratégique” de cette dernière. Pour protéger ses citoyens, l’UE doit ainsi être en mesure d’identifier avec précision les périls qui guettent son avenir et être à même de répondre efficacement à ses ennemis.
Que contient-elle ?
La première version de la boussole stratégique présentée en novembre 2021 est articulée autour de quatre piliers.
Le premier pilier concerne la gestion de crise. Le but affiché est de réussir à améliorer la capacité des Européens à répondre le plus rapidement possible aux situations d’urgence. Parmi les mesures proposées, celle qui a fait le plus couler d’encre consiste en la création d’une “Capacité de déploiement rapide de l’Union européenne”, à savoir 5 000 militaires mobilisables lorsque les circonstances l’exigeraient et qui agiraient sous drapeau européen.
La deuxième dimension concerne la résilience. Une thématique qui se rapporte notamment aux menaces hybrides. L’objectif est de mettre en œuvre les moyens de s’en prémunir mais aussi d’y répondre. A cet effet, une “boîte à outils” de l’UE face aux menaces hybrides doit être mise en place, pour que les Etats membres puissent collectivement y faire face, en faisant appel aux instruments qui existent déjà et en en créant d’autres. Ce même pilier couvre aussi la sauvegarde des intérêts européens en matière de sécurité en mer et dans l’espace.
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