Le 7 novembre, près de 230 personnes ont participé au Comité de suivi des programmes européens à Limoges. A cette occasion, une table-ronde sur l’avenir de la politique de cohésion a notamment été organisée par la Région.
Introduisant la matinée, Alain Rousset, Président de la Région, a souligné la particularité de Limoges et de l’innovation en territoire rural. Pour lutter contre le sentiment de déprise, il a insisté sur la nécessité d’y maintenir les usines et les centres de formation. Très attaché à éviter la perte de fonds européens non-dépensés, il a rappelé le système de détection, d’accompagnement et de suivi des dossiers mis en place en Nouvelle-Aquitaine. Revenant sur l’utilisation des fonds au cours de cette période, Alain Rousset a relevé que 206 000 projets avaient été aidés, représentant un montant total de 3,4 milliards €. Pour la période 2021-2027, 644 projets ont été sélectionnés sur le Fonds européen de développement régional (FEDER) et le Fonds social européen (le FSE+), chiffre qui atteint 2 430 projets avec le Fonds européen agricole de développement rural (FEADER). Enfin, sur l’avenir de la politique de cohésion, le Président a mentionné l’initiative de la Nouvelle-Aquitaine auprès de la Commission européenne et du Parlement européen, avec 134 autres régions européennes. Il souhaite également participer à construire l’avenir de la Politique Agricole Commune (PAC) et de la politique européenne de recherche.
Après un point détaillé de l’avancement de la consommation des fonds FEDER, FSE, FEADER, FEAMPA (Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture) et Interreg sur les périodes 2014-2020 puis 2021-2027, une table-ronde était consacrée à l’avenir de la politique de cohésion et à ses enjeux après 2027, pour l’Europe et pour la région.
Sont intervenus successivement Olivier Bouba-Olga, universitaire et chef du service Etudes, Prospective et Evaluations à la Région ; Philippe Estèbe, universitaire et directeur d’études à Acadie ; Olivier Durand, Directeur général du Centre de transfert de technologies céramiques (CTTC) et membre du Directoire de l’Agence de Développement et d’Innovation de Nouvelle-Aquitaine (ADI-NA) ; Isabelle Boudineau, conseillère régionale déléguée à l’Europe et aux coopérations européennes et membre du Comité des Régions ; puis Nicola de Michelis, Directeur Général Adjoint pour la Mise en œuvre des programmes, à la DG REGIO de la Commission européenne. Le débat a été animé par Françoise Chotard, consultante en affaires européennes.
Olivier Bouba-Olga a mis l’accent sur la dimension locale et la géographie des sujets et des problèmes, qui implique de différencier territorialement l’action publique et de réinterroger les objectifs fondamentaux des politiques publiques. De son côté, Philippe Estèbe a détaillé différentes typologies de ruralités (résidentielles, productives, touristiques, etc.), dont le rôle peut différer mais est essentiel pour assurer la réussite de la transition écologique, dans les métropoles comme dans les espaces ruraux. Quant à Olivier Durand, il estime que les fonds européens répondent aux besoins de l’industrie et des citoyens et que le FEDER permet de se projeter vers d’autres programmes européens, comme Horizon Europe. Pour Isabelle Boudineau, la politique de cohésion est un outil de solidarité et d’équité territoriale. Appuyer sur les totems de la compétitivité et de la productivité, aveugles aux réalités territoriales, comporte selon elle un grand danger, celui de creuser les inégalités.
Nicola de Michelis a rappelé que la politique de cohésion était systématiquement attaquée à chaque cycle de réflexion sur l’avenir du budget pluriannuel de l’UE, car elle en constitue un tiers et qu’elle est perçue par certains comme un moyen de saupoudrer de l’argent sur les communes. Jusqu’ici, la politique de cohésion s’est toujours bien sortie des négociations budgétaires. Mais aujourd’hui, la discussion est beaucoup plus compliquée, notamment parce qu’il existe un modèle alternatif, celui du plan de relance (Facilité pour la Relance et la Résilience, FRR), qui semble plus simple, rapide et facile. Mais aussi parce que le vrai problème de l’UE est celui de sa compétitivité face à la Chine, aux Etats-Unis, à l’Inde, etc.
Source : europe-en-nouvelle-aquitaine.eu